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Ecrits
Par sylvainemartel Le 18/01/2021
Matin
Doux vacarme
Au matin levé
Une main qui s'insinue
Cent fois repoussée
La cent unième sera la bonne
A l'indocile
A l'obstiné.
Ouvre le rideau
Mettons les voiles
Crions
Rions
On a 20 ans!
22/11/20
Par sylvainemartel Le 18/01/2021
Farce
J'ai la tête en feu
Mon estime qui gratte
Comme un pull trop neuf
Qu'on laisse au fond d'un placard
J'ai la tête qui fume
D'idées noires charbon
Comme le feu éteint
Au lever du jour
J'ai la tête majuscule
De pensées minuscules
Qui prennent toute la place
Et envahissent l'espace
J'ai la tête vide
Les matins brumeux
Le déclin du jour ouateux
Et les nuits insomnies
Et pourtant j'aime la douceur du velours
Le sucre qui fond sur la langue
Le soleil de l'hiver
Et le vent qui fait chanter la forêt
Et pourtant j'aime les oiseaux qui piaillent
Autour d'une miette
La neige flocon
Dans le silence de décembre
Quelle farce!
20/12/20
Par sylvainemartel Le 20/10/2020
La déesse aux seins d'argile
Il ne dort plus. Somnole à peine.
Du fond de son atelier il la mate. Il la scrute.
Il l'observe.
Il ne pense pas. Ne réfléchit pas.
Seules ses mains s'oublient dans la terre.
Et lorsque le besoin dépasse l'envie, il en oublie même de manger.
Elle, il l'a rêvée. La nuit, elle est venue le visiter.
Déesse aux seins d'argile, il la modèle, la frôle. Jusqu'à la posséder.
Elle le laisse faire. La tête penchée, elle le regarde l'envelopper de ses grandes mains.
De ses doigts fins.
Des doigts faits pour sculpter.
Tantôt légers.
Tantôt appuyés.
Elle est amoureuse de lui. Se laisse effleurer.
Il la courtise. Il voudrait la posséder.
La pénétrer.
Son sexe est dur. Gonflé.
En elle il voudrait se déverser.
Il croit la dominer, mais c'est elle qui l'asservit.
A sa cause.
Pour sa vie.
Car sans lui, elle n'est rien.
Et sans elle... il n'est pas lui.
Alors le doute s'insinue. Nécessaire. Qui balaie les certitudes qui emprisonnent et empêchent d'avancer.
Se dépasser, sans complaisance.
Ne pas se conformer.
Jamais!
Et la magie opère.
L'âme agit. Malgré lui.
Apaisé.
Dans la terre ses pouces s'enfoncent, cherchent, fouillent, accouchent une épaule, un sein.
Seules ses mains décident, transcendent la réalité.
Pour atteindre le sublime.
Sa seule vérité.
19 Octobre 2020
Par sylvainemartel Le 09/10/2020
Le banc
Elle est là.
Assise sur un banc. Elle attend
Elle attend. Elle attend quoi au fait?
Coup d'oeil en coin
Des jeux d'enfants. Qui jouent aux grands
Un gamin qui barbote dans une flaque
Une maman qui gronde. Il faut pas. C'est caca.
Et puis après tout, elle, elle voulait pas
C'est lui qui a appelé. Il lui a dit "viens".
Depuis elle est là
Qui attend.
Toute seule. Posée là. Sur son banc
En bois.
Un vieux banc tout déglingué
Des coeurs gravés, des amours déclarés.
En bois, en fer, ou en papier mâché, qu'est ce que ça peut faire?
Puisqu'elle elle est là
Et que lui... Elle l'attend.
Il va venir. Il va l'emmener. Il l'a promis. Juré.
Juré craché.
Ses deux pieds serrés dans ses jolis souliers
Elle a mit une robe. Avec des fleurs. Les mains à plat sur ses genoux.
Son sac en toile à ses côtés.
Elle sourit. La bouche en coeur.
Ca y'est! Le mioche s'est pris une baffe. Cris. Pleurs.
La maman excédée. L'enfant pourris gâté. Barbe à papa
C'est toujours lui qui gagne à ce jeu là.
Et le pigeon. De ses yeux ronds, qui la regarde
"Casse toi. Tu ne vois pas que je suis occupée?"
Occupée à quoi au fond?
Ha oui... Elle attend.
Et lui qui ne vient pas.
4 oct 2020
Dans son portefeuille (suivi de Fin d'été)
Par sylvainemartel Le 09/10/2020
Dans son portefeuille
Il y avait dans son portefeuille un petit bout de papier.
Elle l'avait plié en deux,
Puis en quatre.
Puis en huit.
Juste en huit. Pas plus.
Et quotidiennement elle le dépliait,
Minutieusement.
Les huits devenaient un quatre.
Puis un deux.
Un petit bout de papier
Usé.
Un seul mot griffonné
Qui la troublait.
Et la main tremblante, elle le repliait et le rangeait dans son portefeuille
Noir
Et ce simple geste durait depuis des années.
Quarante, cinquante?
Qui sait vraiment?
Elle peut-être.
Un secret bien gardé.
C'est beau un petit bout de papier, plié en huit, glissé dans un portefeuille.
12/08/2020
Par sylvainemartel Le 15/09/2020
saltimbanques-1.pdf (6.38 Mo)
Sculpteur plasticienne,
je suis avant tout une autodidacte.
Mon monde sculptural est poétique,
frais et surtout VRAI.
Je trouve mon inspiration dans la réalité,
dans la sincérité des personnes qui m'entourent.
L'écriture exprime une autre forme de cette réalité que j'essaye de traduire au plus juste.
Mon désir est que chaque spectateur, chaque lecteur trouve dans mon travail une part de
lui-même, un souvenir d'enfant.
Qu'il puisse se dire "Ho!. Je me souviens...",
et reparte avec le sourire.
Mon livre ne s'adresse pas aux enfants,
ni aux adolescents d'aujourd'hui.
Il s'adresse à l'enfant que nous fûmes.
Je vous souhaite une belle lecture.
Sylvaine MARTEL
Par sylvainemartel Le 13/09/2020
J'habite une petite maison en Auvergne. Depuis un an maintenant. Dans le village nous sommes dix. Avant ils ont été jusqu'à 80! Dans le hameau il y avait trois bistrots, deux sabotiers, une épicerie et quinze enfants dans l'école.
Chez la Marie, l'ailleule il y a neuf vaches que sa fille du village d'en haut descend traire deux fois par jour. Elle à 88 ans la Marie.Elle n'a pas d'âge. Elle a traversé le siècle d'avant. D'aucuns diront qu'elle a la peau diaphane. Je dis qu'elle est transaprente, la Marie.
Et puis il y a Marie-Louise, 77 ans. Généreuse, charpentée, un peu couillonne. C'est ce qu'elle dit. Mais moi je trouve pas. Elle est pas bête la Marie Louise.
Son mari jouait de l'acordéon dans les bars du village, pour faire danser. Elle n'est pas d'ici, elle vient du village d'à côté. Elle ne sort jamais. Ha si! Aujourd'hui je l'emmène au Puy avec moi. Elle s'est fait belle. On va aller voir la Mado.
La Mado elle vit six mois à la ville et six mois au village. Elle y est née. Elle est d'ici. Elle avait épousé un gars d'une autre région. Loin. De Montargis.
Après il y a les deux filles de Marie-Louise. Patricia, d'un premier mariage, veuve, comme sa mère. Sa fille s'est mariée avec un gars d'en face. Et un fils. Qui boit. Parce qu'on lui dit qu'il ne sait rien faire d'autre. Mais il est pas con le fils. Et il a un coeur. Grand. Comme celui de sa grand-mère.
Annie, d'un second mariage. Avec sa soeur elles élèvent des vaches, là haut, dans l'étable toute neuve, parce que l'autre à brûlé. Son mari, les enfants. Charmants. Un peu bruyants parfois. La fille en mobylette.... Ca fait râler. Et le petit qui s'ennuie.
Et maintenant il y a moi. Ho! il y a bien les vacanciers qui viennent deux ou trois fois l'an. Les gens de la ville qui se déguisent en gens de la campagne. Mais eux ils comptent pas. Ou alors pour moitié.
Et puis les vaches, nouricières. Les chats de la Marie, beaucoup. Et mon chien, qui est venu grandir la troupe déjà importante. Les poules, qui ne pondent pas l'hivers. Zoé, l'anesse qui rôde dans les ruelles, librement.
Depuis quelques jours il fait chaud. Et beau.
"C'est affreux" me dit Marie-Louise. "Cette garce de neige quand même, elle fond pas!".
"Garce de Marie-Louise", je lui réponds. Elle rigole. Me traite de couillonne...
Dans ma petite maison je n'ai pas la télé. Depuis deux mois j'ai internet. Et la radio. France inter surtout, que je coupe aux heures piles. Loin de moi les actualités déstructrices du dehors. Je ne veux pas l'entendre ce monde qui gronde, ce monde qui crie, qui hurle. Je veux rester ici, à tout jamais. Avec mon chien, et mes bouquins.
21 Février 2019
Par sylvainemartel Le 09/09/2020
Lame de fond
D'un insondable courant
Une larme sur ma joue
Salée.
Je me reprends et virevolte
Demain un autre jour,
Un autre soir, un autre matin
Brumeux.
Continuer la route
Hors d'haleine
Courir. Sans me retourner
Que la vie est belle, merde!
Je suis vivante!
13/03/2020