Ecrits

Pygmalion

Par Le 09/09/2020

Pygmalion

Trois semaines.

Trois semaines que je bataille sur cette fichue argile. L’ébauchoir entre les dents, mes doigts qui glissent sur la terre, décident seuls, appuient, façonnent, caressent...

Je me recule d'un pas, m'assieds dans le hamac. Je le regarde du coin de l'oeil.

- Ca y'est! Je le tiens!

Debout, tête penchée, de ses yeux moqueurs, le faune me regarde. J'ai l'impression qu'il me sourit. Je le mate à la dérobée. Son corps luisant de barbotine perle du surplus d'eau. On croirait qu'il transpire.

Minuit. Déjà!. Allé, je rentre, je ne pourrais rien faire de plus ce soir. J'éteins le poste. J'attrape mon vieux gilet élimé, il est raidit par la terre. Il faudrait le laver... D'un haussement d'épaule, je l'enfile, saisit la clé, siffle le chien et referme la porte derrière moi. Dehors un souffle me frôle. Je me retourne. Le vent se lève on dirait. Cette nuit il va faire froid et demain l'atelier sera glacé. J'aurais du mettre une dernière bûche. Tant pis. Trop tard. Trop naze. Et trop envie... Cette envie de faire l'amour qui me prend à chaque pièce terminée, quand la satisfaction s'installe, que l'incroyable magie des mains a fait son office. Et ce soir ça me tenaille le bas du ventre. Fort.

Maison-Bûche-Soupe-Internet...

Je déconnecte, coupe le fil invisible d'un monde trop virtuel.

De toute manière je tombe. Faut que j'aille dormir.

Le sommeil arrive. D'un coup. Il m'écrase au fond du lit. Mes membres sont gourds, je m'agite un peu et sombre.

Une forte odeur d'humus flotte dans la chambre. Au début c'est comme un souffle, une plume d'ange dirait Nougaro. Puis plus fermement appuyée sur mon dos, sa main descend le long de mes fesses, se faufile entre mes cuisses. Je me cambre.

-c'est toi?

-chut...

Sa bouche entrouvre mon sexe, sa langue me fouille. Je m'agrippe. Je gémis.

-Merde! c'est bon!

D'un coup de rein son sexe dur s'enfonce en moi. Il a chaud, il transpire. Mes mains glissent sur son corps mouillé perlé de sueur. Mes doigts dessinent son épaule, coulent jusqu'à sa nuque, roulent le long de ses vertèbres, une à une, jusqu'au bas de son dos. Je modèle sa peau, pétris sa chair.

Mais déjà il se retire.

-non! reste un peu.

-chut...

10h! Je tombe du lit. Le soleil est déjà haut et envahit la chambre. J'ai besoin de quelques minutes pour atterrir. Je déteste le matin. Je déteste tous les matins.

Je tends le bras. La place à côté de moi est vide et froide. Les draps ne sont pas froissés.

Quel étrange rêve...

En hâte je descends, engloutis mon petit déjeuner. Le chien sur mes talons, je me précipite à l'atelier.

La porte est entre-ouverte. Je l'avais pourtant fermé, ma main à couper.

Sur la sellette, il est là, figé il me regarde. Cette fois, j'en suis sure, il me sourit.

10/01/2020

 

La Faunesse

Par Le 09/09/2020

La Faunesse...

Prologue:

Follement suggéré par monsieur E, lors de nuits dingues et totalement dévoyées à tchatter. A la limite de la schizophrénie dirait il sans doute...

Librement inspiré par monsieur AD, dont les lettres ont baigné ma jeune enfance provençale, à l'ombre des cyprès.

Petite Faunesse, à pattes de chèvre, gambadait librement dans la garrigue de Fontvieille. S'approchant du moulin, sans aucune inquiétude, elle grappillait ça et là quelques fleurs de prunelles.

-Petite biquette, un jour tu rencontreras le Faune de la forêt qui viendra te croquer ta pomme, lui disait tous les matins, Maitresse Seguin, sa mère adorée.

La Faunette sans cervelle, n' écoutait pas, elle n'en faisait qu'à sa tête. Et de ses petits seins "pommés", et de sa croupe cambrée, elle bondissait, front baissé, maladroite sur ses sabots.

-Bonjour jolie demoiselle, elle n'a pas peur toute seule dans la montagne?

Il se tenait là, juché sur un rocher, bras croisés, de ses yeux rieurs.

Intriguée plus qu'apeurée, elle leva les yeux pour se retrouver nez à nez avec un sexe énorme, érigé, duquel sortait, à y regarder de plus près, une langue reptilienne et fourchue.

-Bigre!, lâcha t'elle. Monsieur vous me gênez.

-Allons ma chère, ne faites pas l'effarouchée. Et venez avec moi vous promener.

Petite Fanette, belle à croquer, lèvre pincée, lui donna sa menotte et se laissa guider le long du chemin.

Insouciante et un peu étourdie, elle s'engouffra dans la grotte du Monsieur. Il faut dire qu'elle était pourvue, non pas d'une fente, mais d'une verge en bois brut!

-Et le serpent dans tout ça?, s'inquiétait Monsieur E. Qu'en penserait le vieil Alphonse?

-Le serpent, décontenancé, n'eut d'autre issue que de la belle, coloniser son cul.

Epilogue:

Maitre Seguin leva les yeux de son ouvrage. Il vit la petite arriver qui chantonnait.

-Femme, appela t'il. Cette enfant est bien trop sage. Demain tu iras à la ville. Tu l'amèneras à Monsieur le curé. Il est temps maintenant de la dévergonder.

16/01/2020

 

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